Le Collectif Curry Vavart a le plaisir de vous inviter au vernissage de la 49e exposition du CP5 :
.・.・. AMI- COLLEMENT VÔTRE .・.・.
Le collage et non le marouflage – une autre technique essentielle d’encollage –, ou bien le photo-montage, cher aux surréalistes, confirme ici qu’il est l’art de dissimuler l’implicite et de le rendre assez explicite pour être lisible par tous car il procède du même esprit que la sculpture : par élimination.
« Trier, penser, classer », disait Pérec, est le premier travail du colleur. Ce moment qui oscille entre réflexion et jeu d’esprit, car les colleurs sont à la fois en intelligence avec leur matériau et eux-mêmes, quand le choix d’une image contre une autre se termine, après le découpage, par une indigne fin de non-recevoir.
Ensuite vient l’accumulation du sens – car c’est l’esprit du collage –, être persuasif et rencontrer d’emblée l’adhésion de la pensée et de son spectateur. Comme Baudelaire qui nourrissait des ambitions surnaturalistes pour Delacroix, convaincu que les arts de la spontanéité sont le fait d’une rencontre intime entre la perception individuelle et l’implicite social – chacun pouvant dès lors y mettre du langage, quiconque, lorsqu’il est avéré un déficit du discours, se projette en tant que sujet dans une catharsis nécessaire.
Que circule du langage et s’instaure un discours, là où régnait le mythe, est véritablement l’art du récit auquel chaque colleur doit se « colleter ». L’espace graphique saturé de sens est une brève histoire de l’humanité, un instantané dans lequel l’artiste se positionne envers le réel, puisque le collage convoque le présent et le met en perspective avec l’histoire particulière de chaque individu. Cette spontanéité contribue à en faire un art éminemment démocratique et chaque collage, comme un opéra du monde, devient le tout d’un art pour tous et par tous.
Texte : S. Gony et Y. Pradeau
Le CP5 est un espace d’expositions artistique éphémère, installé dans le hall d’entrée d’un ancien vestiaire SNCF, complètement habillé de contreplaqué 5mm pour ce projet.
Il y a encore deux ans, ce bâtiment des années 20, situé dans le 18e arrondissement de Paris, accueillait les derniers ouvriers du site SNCF Pajol, actuellement en réaménagement. Le hall d’entrée est une place de choix : seul et unique accès aux vestiaires, douches et réfectoire, utilisés par plusieurs centaines de cheminots chaque jour, des vitrines destinées à l’affichage syndicale occupaient ses murs.
Aujourd’hui, le bâtiment désaffecté a été investi par le collectif d’artistes Curry Vavart en convention avec la SNCF. Des ateliers et bureaux partagés, une salle de répétitions, installés temporairement jusqu’à réhabilitation du bâtiment, reçoivent les artistes et associations membres du collectif.
Investies à plusieurs reprises par les artistes pour présenter leur travail, c’est de ces vitrines qu’est parti le projet du CP5 afin de doter le bâtiment d’un espace d’exposition optimisé.