Le Collectif Curry Vavart a le plaisir de vous inviter au vernissage de la 47e exposition du CP5 :
Paris Store est un endroit étrange et fascinant, mais si nous devions le définir avec des mots simples, nous parlerions de Supermarché Asiatique.
Sur Wikipédia, nous trouvons un article concernant les supermarchés Asiatiques :
« Ils vendent des articles et des ingrédients généralement bien adaptés pour des cuisines asiatiques et que l'on ne trouve pas dans la plupart des commerces traditionnels. On y trouve, par exemple, de la nourriture indienne, de grands sacs de riz thaï parfumé au jasmin, du lait de soja de Hong Kong, du thé au chrysanthème de Chine, des algues japonaises, des pousses de bambou, diverses sauces à piment, aussi bien que des produits préparés asiatiques - par exemple, des biscuits de crevettes roses ou des biscuits de riz - ainsi que d'autres produits alimentaires importés. Le rayon « fruits et légumes » comporte des légumes asiatiques tels que le bok choy, les pousses de haricots, le gingembre, les oignons verts, les durians.
D'autres marchandises comme les autocuiseurs riz et les woks sont également vendus sur ces marchés. Il peut exister un rayon poissonnerie avec des variétés de poissons exotiques, ainsi que des ormeaux, dans des aquariums. On peut y trouver également des concombres de mer (holothurie), des œufs de canard noir, du ginseng. Ces marchés peuvent également vendre des marques asiatiques des boissons alcoolisées ou non. »
Un peu d'histoire ...
Pour découvrir les origines de Paris Store il faut remonter au siècle dernier, en 1977, et plonger au cœur du 13éme arrondissement de Paris… C’est là, dans un magasin de 56 m2 que l’aventure commença pour les familles Trinh et Giang.
Ce qui était au départ une épicerie, est devenue aujourd’hui un supermarché proposant plus de 6000 produits, et réalisant un chiffre d’affaire annuel de près de 200 millions d’euros.
Pourquoi sommes-nous attirés vers cet espace, dans lesquels nous tournons parfois plusieurs heures, hypnotisés par les emballages criards parsemés d’idéogrammes aux significations inconnues ? Peut-être sommes-nous possédés par la même fièvre qui poussait jadis les explorateurs sur la route de la soie.
Le commerce entre l’Europe et l’Asie existe depuis l’antiquité. D’abord par voie terrestre, puis maritimes, les puissances Européennes créent peu à peu leurs compagnies coloniales. La première fut la East India Company anglaise en 1600, suivie par la Vereenigde Oost Indiche Compagnie hollandaise, et, la Compagnie des Indes Orientales française.
Au XVIIe siècle, les Néerlandais dominent les mers, avec 6 000 navires et 400 000 tonneaux de jauge, loin devant l’Angleterre et la France. Ces compagnies n'étaient pas de simples entreprises commerciales, mais avaient des visées d'expansions coloniales et militaires et devinrent rapidement des états dans l'état. La British East India Company allait devenir la « World Company » la plus puissante de son époque, avec des fonctions militaires et une administration régalienne.
En 1638, le Japon ferma ses ports à l'Occident pour plus de deux siècles. La Chine devint alors la seule source d'approvisionnement en thé, mais elle est peu encline à l’échanger contre les productions occidentales qu'elle considérait comme grossières.
N'ayant pu, comme pour l'Inde, conquérir militairement la Chine alors trop puissante, les Britanniques, vers la fin du XVIIIe siècle, appliquèrent la stratégie du pourrissement intérieur. Ils introduisent l’opium et rendent une grande partie de la population dépendante. Ils imposèrent ainsi un système de vente triangulaire : l'opium produit à faible coût dans leurs colonies indiennes était échangé en Chine contre du thé revendu très cher en Europe.
Finalement le pouvoir impérial Chinois finit par s'opposer violemment à la consommation d’opium, mais la corruption et le laxisme avaient gagné toutes les couches de l'administration et de l'armée. Après la première, puis la deuxième guerre de l'opium qu'elle perdit en 1860, la Chine dut autoriser son importation et son commerce. De plus elle dut baisser ses tarifs douaniers, ouvrir ses ports et son territoire à l'Occident, céder Hong Kong aux Britanniques et verser un lourd tribut de guerre. Elle perdit aussi le territoire du Viet-Nam spolié par la France et la Corée en profita pour déclarer son indépendance.
Pour l'Empire du Milieu, cette ouverture forcée sur l'Occident dans des conditions humiliantes et économiquement catastrophiques précipita son déclin… mais c'était sans compter sans le courage du peuple chinois, qui avec la prise de pouvoir par un nouvel Empereur en 1949 et la dynastie communiste qui s'en suivit, mit à peine 50 ans pour redresser la barre.
La Chine entrera dans le XXIe siècle triomphante, en récupérant Hong Kong au passage et en ayant parfaitement assimilé les préceptes du capitalisme sauvage, tel qu'initiés par la British East India Company. Elle deviendra la première puissance économique et banque mondiale auprès de qui tout l'Occident est endetté. Aujourd'hui, la Chine en plus d'être toujours le premier pays producteur de thé, fabrique la majeure partie des produits manufacturés que nous utilisons, des habits que nous portons, des téléphones et ordinateurs… elle rachète massivement des terres arables dans le monde entier, des entreprises, châteaux et vignobles français, construit des « Chinatowns » dans toutes les grandes villes, contrôle des pans entiers de l'économie mondiale. L’heure de la vengeance a sonné.
Il est désormais temps de se rendre au tabac de la rue Riquet. Dans l’ambiance gluante et marécageuse de ce lieu mythique, achetez un paquet de cigarette, et buvez un verre si le cœur vous en dit. Puis sortez, fumez une cigarette en essayant de ne jamais faire tomber la cendre. Ensuite rendez-vous, en marche arrière, jusqu’à Paris Store. Les portes automatiques s’ouvrent, et le voyage commence…
Le CP5 est un espace d’expositions artistique éphémère, installé dans le hall d’entrée d’un ancien vestiaire SNCF, complètement habillé de contreplaqué 5mm pour ce projet.
Il y a encore deux ans, ce bâtiment des années 20, situé dans le 18e arrondissement de Paris, accueillait les derniers ouvriers du site SNCF Pajol, actuellement en réaménagement. Le hall d’entrée est une place de choix : seul et unique accès aux vestiaires, douches et réfectoire, utilisés par plusieurs centaines de cheminots chaque jour, des vitrines destinées à l’affichage syndicale occupaient ses murs.
Aujourd’hui, le bâtiment désaffecté a été investi par le collectif d’artistes Curry Vavart en convention avec la SNCF. Des ateliers et bureaux partagés, une salle de répétitions, installés temporairement jusqu’à réhabilitation du bâtiment, reçoivent les artistes et associations membres du collectif.
Investies à plusieurs reprises par les artistes pour présenter leur travail, c’est de ces vitrines qu’est parti le projet du CP5 afin de doter le bâtiment d’un espace d’exposition optimisé.