CP5 #43

Le Collectif Curry Vavart a le plaisir de vous inviter au vernissage de la 43e exposition du CP5 :

.・.・. NOIR COMME UNE ORANGE .・.・.

CP5          

La terre était bleue comme une orange pour Paul Eluard lorsqu’il aimait Gala en 1929.

Puis vint le cataclysme, la Shoah, la fin de Dieu. Un voile noir avait recouvert l’humanité.

L’envie revint un peu au sortir de guerre. Pourtant, aujourd’hui plus qu’hier, l’espoir est noir, sans illusion : les fascismes religieux, les pays en guerre, les réfugiés noyés d’indifférence, tout cela contribue à un avenir maussade et laisse peu de chance quant à la survie de l’espèce humaine. Le provocateur, Lars von Trier, évoquait déjà la fin dans son film Melancholia ; une planète sombre détruisait l’humanité.

La fascination de la terreur et de la mort s’est mise en place : les médias passent en boucle tout ce qui évoque les morts violentes, la télévision ne diffuse que des feuilletons criminels et les religions portent la mort comme un point supérieur à la vie.

Chaque parcelle artistique résonne du monde qui l’encercle et c’est ainsi que vient cette exposition au Shakirail dont la sonorité du mot s’entend aussi comme le rire de l’animal du diable : le chat qui raille. Dans cet ancien dépôt SNCF qui a vu des trains partir sans retour, le noir est la couleur de ce projet, une sensualité sombre, extrême, une ultime érection lors de la pendaison finale car la terre devient noire comme une orange.


Exposition du 10 au 27 Mars
Vernissage le Jeudi 10 Mars
à partir de 18h

72 rue Riquet 75018 Paris, M° Riquet/Marx Dormoy
contact: CP5@curry-vavart.com

Gwénaël Billaud expose un portrait de Paul Celan : « Tous les poèmes sont du côté de la mort » dit Celan. Ses poèmes viennent des cendres, ils ont perdu l’innocence bleue d’Eluard. Gwénaël Billaud interviendra également lors du vernissage dans une veine rouge et noire comme la viande et la mort : « À la source de tes yeux un pendu étrangle sa corde ». Paul Celan.

Isabelle Bonté-Hessed installe des portraits d’ossements et des pièces de moteurs. La mécanique des corps rejoint les rouages des moteurs, entre neutralité et violence, entre force et promesse de mort. Avec ces dessins paraffinés, se joue l'effacement, jusqu'à la limite de la présence physique.

Klervi Bourseul présente une grande gouache et aquarelle qui rappelle le Kaddish pour l'enfant qui ne naitra pas d’Imre Kertész, poème pour l’enfant avorté, mort né, voire non conçu.

Dominique Chazy fait émerger dans ses peintures des ombres du sabbat, le septième jour, jour de repos dans le Judaïsme, jour du Seigneur pour les catholiques et réunion de sorcières pour les autres.

Laurent Quénéhen, commissaire de l’exposition.

         

Joël David photographie des femmes sorcières, adeptes de la magie noire et de la sensualité animale, des putes d'antan, belles comme des coeurs. Elles sont dans la forêt et révèlent les puissances nues, les noirs désirs, elles attirent comme le feu et brûlent comme l’enfer.

Dominique Pallier peint une rencontre du chaperon rouge avec l'homme animal, le rouge circule sur la toile à la fois séduction, désir, sexe et sang. Le noir évoque un funeste présage de l'innocence salie, sacrifiée et assassinée et nous confronte à cette réalité terrible ; ce conte ne cessera jamais d'être d'actualité.

Sandra Vanbremeersch reprend son film passé où la joie de vivre traînait encore de ci de là, elle dansait alors rouge et rose sur la tour Eiffel qui pénétrait le ciel de Paris. Puis les attentats sont venus et le ciel s’est assombri subitement, sa danse est devenue noire, mortuaire.

Dominique Weill dessine de sombres bâtiments kafkaïens, Ce sont des masses compactes qui se tiennent les unes aux autres pour ne pas s’effondrer, ils semblent vidés de leurs habitants, personnifiés dans une fragilité grave.

 

Le CP5 est un espace d’expositions artistique éphémère, installé dans le hall d’entrée d’un ancien vestiaire SNCF, complètement habillé de contreplaqué 5mm pour ce projet.
Il y a encore deux ans, ce bâtiment des années 20, situé dans le 18e arrondissement de Paris, accueillait les derniers ouvriers du site SNCF Pajol, actuellement en réaménagement. Le hall d’entrée est une place de choix : seul et unique accès aux vestiaires, douches et réfectoire, utilisés par plusieurs centaines de cheminots chaque jour, des vitrines destinées à l’affichage syndicale occupaient ses murs.
Aujourd’hui, le bâtiment désaffecté a été investi par le collectif d’artistes Curry Vavart en convention avec la SNCF. Des ateliers et bureaux partagés, une salle de répétitions, installés temporairement jusqu’à réhabilitation du bâtiment, reçoivent les artistes et associations membres du collectif.
Investies à plusieurs reprises par les artistes pour présenter leur travail, c’est de ces vitrines qu’est parti le projet du CP5 afin de doter le bâtiment d’un espace d’exposition optimisé.

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