A LA FOLIE
|
Le CP5 est un espace d’expositions artistique éphémère, installé dans le hall d’entrée d’un ancien vestiaire SNCF, complètement habillé de contreplaqué 5mm pour ce projet.
Il y a encore deux ans, ce bâtiment des années 20, situé dans le 18e arrondissement de Paris, accueillait les derniers ouvriers du site SNCF Pajol, actuellement en réaménagement. Le hall d’entrée est une place de choix : seul et unique accès aux vestiaires, douches et réfectoire, utilisés par plusieurs centaines de cheminots chaque jour, des vitrines destinées à l’affichage syndicale occupaient ses murs.
Aujourd’hui, le bâtiment désaffecté a été investi par le collectif d’artistes Curry Vavart en convention avec la SNCF. Des ateliers et bureaux partagés, une salle de répétitions, installés temporairement jusqu’à réhabilitation du bâtiment, reçoivent les artistes et associations membres du collectif.
Investies à plusieurs reprises par les artistes pour présenter leur travail, c’est de ces vitrines qu’est parti le projet du CP5 afin de doter le bâtiment d’un espace d’exposition optimisé.
A la folie, c'est le titre de cette deuxième exposition du CP5. A cette occasion, six plasticiennes envahissent les lieux et vous présentent des œuvres répondant à la thématique de la saturation .
"Nous sommes tous obligés, pour rendre la réalité supportable, d'entretenir en nous quelques petites folies." Marcel Proust
La notion de saturation s'articule autour de la notion de série, de reproduction, notamment d'abondance de signes. Une écriture graphique prend forme, s'installe de façon quasi obsessionnelle: l'identique envahit des espaces restreints ou pas, prédéfinis ou non.
La singularité des œuvres est soulignée par une densité proche de la folie, qui développe une sorte d'invasion à travers différents médiums tels le dessin, la photographie, des installations et des volumes.
La première exposition du CP5 intitulée « A l’ouvrage » était consacrée à la rencontre, plus fréquente que l’on croit, entre le monde artistique et le monde du travail, écho aux vies personnelles des plasticiens du collectif qui, peu nombreux à vivre de leur art, sont plusieurs à avoir trouver un compromis bien utile avec le monde du travail non artistique. Opposition ancestrale, au XVIIIe siècle, les beaux arts cherchent à se distinguer de la technique et de l’artisanat, mais, bien plus tard, la critique produite par les artistes dans les années 70 à l’encontre du monde de l’entreprise, jugé alors peu créatif, poussera le monde du travail à faire de l’imagination et de la créativité des qualités indispensables du salarié, inaugurant ainsi l’ère du management moderne.
Au fond, n’oublions pas que pour mener à bout ce projet d’espaces d’exposition temporaire et pouvoir y exposer leurs oeuvres, les plasticiens ont dû nettoyer, mesurer, découper à la scie sauteuse, poncer, visser et peindre durant plusieurs jours, dans cet ancien couloir de travailleurs !
Exposition au Shakirail
72 rue Riquet 75018 Paris
m° riquet/max dormoy
vernissage jeudi 19 mars 19h
visite sur rendez-vous
contact: CP5@curry-vavart.com